Délire Morale : Saison de deuil

Saison de deuil


Ce soir derrière le cercueil d'un autre amour, je marche solennellement.

Je les enterre l'un après l'autre, je les enterre dans la vallée des Dieux.

 Je les regardais partir sans un mot, sans un adieu, habillée seulement d'une chair meurtrie.
Saison de deuil, mon cœur n'a plus de larmes pour guérir ses blessures.

Saison de deuil, je m'habitue à mon chagrin, aux condoléances et aux funérailles...

La solitude n'est que le début d'une guerre avec la vie.

L'angoisse de revoir le fantôme de mes étreintes, l'angoisse de se souvenir de la beauté de mes offrandes me tuent chaque jour et me tourmentent.

L'amour est un sphinx... je l'enterre chaque année et il naît de mes cendres.

L'amour est un traître, il me laisse épave sur la rive de mes espérances et m'offre, tel un sacrifice, à des gladiateurs assoiffés d'exploit nocturne.

Je hais tous ses sentiments que je tue avec chaque deuil et qui repoussent en moi comme une première fleur de printemps.

Je baisse le bras, je suis mon destin, les douceurs gravées à chaque fois, la nostalgie qui me font sombrer une nouvelle fois!

Délire Morale : Dans tes bras...

 Dans tes bras...

Dans tes bras, je me jette inlassablement, entre un sourire fugueur et un regard en feu, comment pourrais-je résister?

Dans tes bras j'ai haï ce monde, je l'ai condamné mille et une fois à mort, puis je l'ai aimé!
 
Dans tes bras, le monde prend fin, je perds mon dernier souffle puis je renais de tes soupirs une nouvelle fois 

Dans tes bras je te fuis, je cours vers mon destin loin de toi mais je ne peux que retourner à ton cocon , à ta bulle à nous, à notre union sacrée

Dans tes bras je te raconte tous les contes de ma vie, j'écoute tous les murmures de ton existence et j'écris à nous deux un avenir parfait

Dans tes bras je me laisse aller vers des frissons inimaginables, tu me rejoins à chaque fois et on admire la source qui jaillit de notre étreinte charnelle

Dans tes bras je ne cache plus mes émois, il n'y plus que toi et moi, je dévoile mon intimité, mes émotions si bien cachées

Dans tes bras tu m'invites à bord de tes faiblesses et je te protège, moi petite créature pleine de faiblesse

Dans tes bras on ne fait plus qu'un, on oublie nos différences, nos principes qui nous séparent... je suis toi et tu es moi!

Confessions : Moi 0-1 Cancer

 Moi 0-1 Cancer

" Aujourd'hui c'est un lundi, et paradoxalement je me suis réveillée très irritée! Le syndrome du lundi...
J'ai horreur que quelqu'un utilise mon mug, or comme c'est un lundi, il a fallu que mon père l'eut utilisé avant moi. J'étais hors de moi... Ma mère a essayé de me calmer; prise d'une envie folle de tout casser je lui ai dit que je finirai par casser ce putain de verre pour qu'on en finisse! N'utilisez pô mon mug merde!
Elle était stupéfaite, le jour où ton père mourra tu vas le regretter, c'est ce qu'elle m'avait sorti de bon matin, un matin d'un lundi déjà merdique jusque là!
En fait oui c'est vrai mon père est à priori mourant, comme nous tous d'ailleurs! Mais mon père souffre de ce qu'on appelle communément cancer... Ce monstre que toute l'humanité craint! Ce monstre vit avec nous depuis janvier, il est avec nous durant nos repas, avec nous quand on regarde la télé,avec nous quand on sourit, avec nous même quand on se dispute! mais finalement il n'a rien fait de mal lui... c'est notre faute si on est si intolérant!
Comme tout lundi il a fallu que j'arrive en retard au stage, mais aujourd'hui ce n'est pô au chef service que j'ai dit bonjour en premier... non je l'ai échappé belle! Je me suis dit que peut être ma journée sera meilleure si seulement je souriais! Et j'ai souri... J'ai essayé de repenser aux belles choses que j'ai vécu dernièrement : à la bonne douche que j'ai pris la veille, à mes jolies boucles du samedi, à une nouvelle rencontre, à une conversation avec une amie, à mon moment "je chante à tue tête", aux rires que j'ai distribué ici et là... Puis j'ai oublié ma matinée, j'ai oublié ma mère, mon père et le monstre qui vit avec nous!
Je suis habituée à l'oublier,  j'ai appris à l'oublier,  je dois me protéger non? Mais pour combien de temps?
Ma journée continue son petit chemin tranquillement... Des élections à la fac, une ambiance festive, de la musique, mes amis et moi qui me suis mise à danser sans faire attention à tout ce qui m'entoure! J'aime danser voyez vous! C'est un défoulement, une façon de m'exprimer, oui j'aime danser, j'aime crier tout mon corps dans chaque mouvement, j'aime entrer en transe et oublier le monde autour... Je me protège voyez vous!
Mon lundi s'allonge... Un prof absent, un autre qui parle super vite et moi qui ne comprenais rien de rien! Je déprime, je suis en retard dans mes études et c'est seulement de ma faute, cette fois-ci! Je ne peux pô me protéger, je dois être réaliste et savoir que le cancer de mon père n'est pô une excuse pour me ratatiner dans mon coin et oublier que j'ai des responsabilités! Je n'ai pô le droit de faire ça... surtout pô moi!
Ma journée touchait à sa fin, du moins je le croyais... Rentrée heureusement chez moi, j'ai trouvé ma maison dans l'obscurité et j'ai repensé à ma matinée, à ma mauvaise humeur et j'ai souri, je me protège comme je peux! Malaise chez nous, malaise qui dure depuis plusieurs mois... Super héroïne à la rescousse, je dois tout fixer... Je dois...
Un cancer ne tue pô seulement, un cancer coute très cher, très très cher! Doit-on piller une banque pour payer une petite prolongation à sa vie? Je suis prête à me donner pour payer une heure de plus avec mon père, je le ferai!  Je suis une femme forte, une femme charismatique, une femme au cœur fragile mais je suis une femme dure comme du plomb!
Un lundi finira t-il sans une mauvaise nouvelle? Finalement non! J'avais de l'espoir que ça arrive... de l'espoir? Ja n'ai que ça... J'en ai tellement que ça se lit sur mon visage, sur mon sourire, sur chaque pas de danse!
On m'a dit que le monstre, que je croyais parti il y a quelques mois, était en fait là, encore parmi nous... et que c'est vraiment un monstre! J'ai le droit d'être intolérante! Mais je n'ai pô le temps de penser, il a fallu courir vers mon père qui avait une nouvelle crise...
Crise passée, la vie reprend son cours normal, je t'aime mon père, je t'aime ma fille! Et un bisou qui contient tout l'amour du monde sur son front.
Ce lundi finit en quelques larmes derrière mes mots, quelques larmes mélangées à un sourire, un sourire de gratitude! "